Le mélanome cutané est le cancer de la peau le plus redouté en raison de son potentiel métastatique. Son incidence est en hausse constante en Europe, notamment en France, où l’on recense environ 15 500 nouveaux cas chaque année.
Si l’exposition aux rayonnements ultraviolets (UV) est le principal facteur de risque, environ 5 à 10 % des mélanomes surviennent dans un contexte de prédisposition génétique ou familiale. Ces cas particuliers nécessitent une prise en charge spécifique, car le dépistage précoce conditionne le pronostic vital.
Facteurs de risque génétiques du mélanome

Comprendre la génétique du mélanome
Le mélanome cutané est un cancer dont la cause principale reste l’exposition excessive aux rayons ultraviolets (UV), mais la génétique joue également un rôle déterminant dans sa survenue. En effet, certaines personnes possèdent une prédisposition génétique qui rend leurs cellules pigmentaires — les mélanocytes — plus vulnérables aux altérations de l’ADN, augmentant ainsi le risque de transformation cancéreuse.
Le rôle des gènes dans le développement du mélanome
Les gènes gouvernent la croissance, la division et la réparation des cellules de l’organisme. Lorsqu’ils subissent une mutation, ces mécanismes de régulation peuvent être perturbés. Dans le cas du mélanome, des anomalies dans certains gènes clés entraînent une prolifération incontrôlée des mélanocytes, conduisant à la formation d’une tumeur.
Ces mutations peuvent être de deux types : somatiques ou germinales.
- Les mutations somatiques apparaissent au cours de la vie, sous l’effet de facteurs environnementaux comme l’exposition solaire, les cabines UV ou certaines agressions chimiques. Elles ne sont pas transmissibles aux descendants.
- À l’inverse, les mutations germinales sont présentes dès la naissance, inscrites dans le patrimoine génétique transmis par un parent. Elles expliquent les formes familiales de mélanome, où plusieurs membres d’une même famille développent la maladie.
Les principaux gènes impliqués dans le risque de mélanome
Le gène CDKN2A est le plus fréquemment impliqué dans les formes familiales de mélanome. Il code pour une protéine essentielle à la régulation du cycle cellulaire, agissant comme un frein sur la division des cellules. Lorsqu’il est muté, ce contrôle est perdu : les cellules pigmentaires se multiplient alors de façon anarchique, favorisant l’apparition d’un mélanome. Les familles porteuses d’une mutation de ce gène présentent souvent plusieurs cas de mélanomes et parfois d’autres types de cancers.
Le gène CDK4, plus rarement touché, intervient également dans la régulation du cycle cellulaire. Une mutation de ce gène empêche les cellules de s’arrêter à temps dans leur cycle de croissance, créant un environnement propice au développement tumoral.
Certains gènes dits de réparation de l’ADN, tels que BRCA2 ou TP53, sont aussi impliqués. Ils assurent normalement la correction des erreurs génétiques qui surviennent lors de la réplication de l’ADN. Lorsqu’ils sont défectueux, ces erreurs s’accumulent, augmentant le risque de cancers, dont le mélanome. Les porteurs de telles mutations présentent souvent une prédisposition générale aux cancers, et nécessitent une surveillance médicale renforcée.
Enfin, le gène MC1R, responsable de la pigmentation cutanée, joue un rôle particulier. Certaines variations de ce gène sont associées à une peau claire, aux cheveux roux et aux taches de rousseur. Ces caractéristiques augmentent la sensibilité de la peau aux UV, réduisent la capacité naturelle de protection contre les rayons solaires et accroissent donc le risque de mélanome. Même en l’absence de mutation directement cancérigène, ces particularités génétiques favorisent un terrain plus fragile face au soleil.
Le mélanome familial : quand la génétique devient un facteur majeur
On parle de mélanome familial lorsqu’au moins deux cas de mélanome surviennent chez des membres proches d’une même famille, souvent sur plusieurs générations. Dans ces cas, une mutation germinale est fréquemment identifiée, en particulier au niveau du gène CDKN2A.
Les personnes issues de familles concernées présentent souvent une apparition précoce du mélanome, parfois avant 40 ans, et un nombre élevé de naevus atypiques. Le risque de développer plusieurs mélanomes au cours de la vie est également plus important.
Un syndrome bien connu, appelé FAMMM (Familial Atypical Multiple Mole Melanoma), illustre cette forme héréditaire. Il se caractérise par la présence de nombreux grains de beauté atypiques, d’un risque élevé de mélanomes multiples, et parfois d’une association avec d’autres cancers, notamment celui du pancréas.
Vers une meilleure prévention grâce à la génétique
La connaissance du profil génétique d’un patient permet aujourd’hui d’adapter sa surveillance dermatologique. En cas d’antécédents familiaux, un dépistage génétique peut être proposé pour rechercher une mutation dans les gènes à risque. Ce test est accompagné d’un conseil génétique, afin d’évaluer le risque individuel et d’orienter la prévention pour les proches.
Les personnes identifiées comme à risque doivent bénéficier d’un suivi régulier par un dermatologue spécialisé, avec des examens visuels complets de la peau et, si nécessaire, un contrôle dermoscopique ou photographique des naevus. Une photoprotection stricte, une vigilance sur les changements cutanés et une consultation rapide en cas d’évolution d’un grain de beauté sont également essentielles pour réduire le risque de mélanome avancé.
Facteurs cliniques traduisant une prédisposition génétique
Certaines caractéristiques physiques et familiales peuvent indiquer une prédisposition génétique au mélanome. Les personnes ayant un phototype clair, c’est-à-dire une peau, des yeux et des cheveux clairs, présentent un risque plus élevé de développer ce type de cancer cutané. De même, un nombre élevé de grains de beauté (généralement plus de 50) constitue un facteur de risque reconnu. La présence de nævus atypiques, souvent plus grands, irréguliers ou présentant plusieurs nuances de couleur, augmente également la vigilance nécessaire. Enfin, l’apparition précoce de mélanomes chez des membres de la famille proche, notamment au premier degré (parents, frères, sœurs, enfants), renforce la suspicion d’une susceptibilité héréditaire et justifie un suivi dermatologique régulier.
Dépistage et suivi des personnes à risque génétique
Chez les personnes présentant un risque génétique de mélanome, un suivi dermatologique régulier est essentiel. Une consultation est généralement recommandée tous les 6 à 12 mois, afin de permettre au dermatologue de repérer toute lésion suspecte à un stade précoce. Ce suivi s’appuie sur une cartographie corporelle complète, associée à une dermoscopie numérique permettant d’analyser les nævus avec précision et de comparer leur évolution dans le temps.
En complément, l’auto-surveillance joue un rôle majeur. Le patient est encouragé à appliquer la règle ABCDE (Asymétrie, Bords, Couleur, Diamètre, Évolution) pour identifier d’éventuels changements inquiétants sur ses grains de beauté. La réalisation de photographies régulières du corps permet également de détecter plus facilement l’apparition de nouvelles lésions ou la modification de nævus existants.
Dans certains cas, notamment lorsqu’il existe plusieurs antécédents familiaux de mélanome, des tests génétiques peuvent être proposés. Ces examens, réalisés dans des centres spécialisés et encadrés par un conseil génétique, visent à identifier d’éventuelles mutations (comme celles du gène CDKN2A) associées à une prédisposition au mélanome.
Prévention renforcée pour les patients à risque
Les personnes à risque génétique doivent adopter des mesures de photoprotection strictes tout au long de l’année. Il est recommandé d’éviter les expositions prolongées au soleil, en particulier entre 12h et 16h, et d’utiliser quotidiennement une protection solaire à indice élevé (SPF 50+). Le port de vêtements anti-UV, d’un chapeau à large bord et de lunettes de soleil adaptées complète efficacement la prévention.
Une éducation thérapeutique personnalisée peut être mise en place pour renforcer la vigilance du patient. Celle-ci comprend la sensibilisation aux signes d’alerte cutanés, la rappel de l’importance du suivi régulier et des bonnes pratiques d’auto-examen.
Enfin, chez les familles porteuses d’une mutation du gène CDKN2A, une surveillance spécifique d’autres cancers associés, notamment celui du pancréas, peut être envisagée dans le cadre d’un dépistage multidisciplinaire coordonné.
Conclusion
Les facteurs de risque génétiques du mélanome concernent une minorité de patients, mais ils nécessitent une vigilance particulière. Les mutations de gènes comme CDKN2A, CDK4 ou MC1R augmentent la prédisposition, surtout lorsqu’elles s’associent à des expositions solaires importantes.
La prévention repose sur une photoprotection rigoureuse, un suivi dermatologique régulier et, dans certains cas, un dépistage génétique.
Au Centre Skin Marceau à Paris, nos dermatologues assurent le suivi des patients à haut risque grâce à la dermoscopie, permettant un diagnostic précoce et une prise en charge rapide.
Questions fréquentes
Si un parent a eu un mélanome, ai-je forcément un risque élevé ?
Le risque est plus élevé, mais il varie selon les gènes impliqués et votre exposition solaire.
Faut-il faire un test génétique systématiquement ?
Non, seulement si plusieurs cas existent dans la famille ou en cas de mélanome précoce ou multiple.
Les cheveux roux signifient-ils un risque accru ?
Oui, car le gène MC1R est associé à une plus grande sensibilité aux UV.
Peut-on prévenir un mélanome héréditaire ?
On ne peut pas modifier la génétique, mais une photoprotection stricte et un suivi médical régulier réduisent fortement le risque de formes avancées.
Un mélanome familial est-il plus agressif ?
Pas nécessairement, mais il survient souvent plus tôt et peut être multiple, ce qui impose une vigilance accrue.
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